samedi 14 février 2015

Words and Pictures

« Un homme est bien plus que les paroles qu’il prononce, non ?
Et une femme est bien plus que ce qu’elle peint. »
« Peut-être qu’au contraire, on est moins que ça.
Peut-être que notre travail est le meilleur de nous-mêmes. »
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Heyyyyyyyyyyy ! Joyeuse St Valentin à tous ! :D
Je profite de cette occasion pour vous parler d’un film sorti en 2013, que je viens tout juste de découvrir. Et je ne sais pas si c’est parce qu’il parle d’art, ou que l’humour y est franc et cynique, mais c’est un gros, gros, gros coup de cœur. Ce film est mon Valentin.


Jack Marcus est une ancienne star littéraire reconvertie en professeur de littérature dans une université de Nouvelle Angleterre. Il est passionné par les mots et aime son métier d’enseignant, tout en regrettant amèrement sa gloire passée. Sa panne d’inspiration l’ayant fait sombrer dans l’alcoolisme, il est en plus sur le point de perdre son emploi s’il ne fait pas ses preuves.

Dina Delsanto est une peintre abstraite, elle aussi autrefois célèbre pour son art. Souffrant de polyarthrite rhumatoïde qui limite désormais ses performances, et aigrie par son manque d’indépendance, elle atterrie dans l’université de Jack en tant que professeur d’arts plastiques.

Une guerre va se déclarer entre ces deux personnages, aussi passionnés l’un que l’autre par leur expression artistique respective, pour déterminer qui des mots ou des images a le plus de pouvoir et d’impact.
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« Parmi tous les mots que vous auriez pu choisir, toutes les possibilités de rythme et de séquence… vous auriez pu me servir un filet mignon et vous m’avez balancé une purée d’avoine. »
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Divorcé et ayant de moins en moins de contact avec son fils unique, Jack ne vit que pour son travail, qu’il adore. C’est un prof cool à l’humour franc et un collègue respecté mais envahissant, qui n’hésite pas à déballer sa science littéraire à la moindre occasion.
Il ne lui reste de son statut d’écrivain reconnu qu’un magazine universitaire où il recueille les meilleurs travaux de sa classe. Le niveau passable du dernier numéro lui vaudra une entrevue avec le directeur d’établissement, doutant de ses capacités à inspirer ses élèves, n’ayant lui-même plus rien publié depuis 6 ans. Malgré sa panne sèche d’inspiration, Jack promet un poème de grande envergure qui sauvera son magazine, et son emploi.
C’est ce jour-là qu’arrive Dina, précédée par son surnom « la stalactite » qui lui vient de son ancienne école, de laquelle elle a été renvoyée.


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« C’est vrai que vous avez cogné un élève avec cette béquille ? »
« Non… c’était un professeur. »
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Frustrée par son handicap, elle enseignera avec froideur, ne croyant pas un seul instant au talent de ses élèves, exceptée une certaine Emily, qu’elle poussera à se surpasser, sans la ménager.

J’A-DORE ces personnages. J’adore le parallèle entre les scènes de solitude où ils sont chez eux, l’un baignant dans son alcool, l’autre regardant ses toiles vides de toute inspiration, et leur vie à l’école ou l’un tente de motiver ses élèves accros aux technologies à percevoir la beauté d'une belle phrase bien tournée, tandis que l’autre expose à des oreilles distraites sa définition de l’art (sur fond de blagues lourdasses du comique de classe) avec beaucoup de justesse et de simplicité.
Je crois que je n’ai jamais cerné moi-même les limites de l’art, ce qui le définit, c’est pour vous dire…

 Tout est art, non ? Vous avez 4 heures.

A part une passion sans borne pour leur art mutuel, brimée par leur panne d’inspiration /incapacité, ces deux êtres n’ont rien en commun.
L’un est déconneur et prétentieux. L’autre est froide et intransigeante.

Leur complicité/rivalité va démarrer par un jeu inventé par Jack qui consiste a dire un mot de 5 syllabes commençant par A, puis l’autre renchérit avec un mot de 5 syllabes ou plus commençant par B et ainsi de suite. Jeu auquel ses collègues, lassés, ont cessé de jouer et que Dina, mi blasée mi amusée, va tenter à son tour de remporter.

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« Désindustrialisation. »

« … 8 ?! »
« 8. »
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J’aime vraiment ces deux acteurs. J’avais adoré Binoche dans Les Enfants du Siècle, mais lui je ne le connaissais pas… Il a un rire grinçant que j’adore. (bon OK, ça c’est dû au doubleur VF… LAISSEZ-MOI.)
Ce couple a un truc, une alchimie. Un pétillement dans le regard.
Je les trouve tellement beaux, ces 2 quinquas paumés, artistes déchus, qui cachent du mieux qu’ils peuvent leurs démons intérieurs par l’humour, le dédain, le défi…

Durant son premier cours, Dina insiste sur le terme « beaux » arts, qui est selon elle un leurre. Elle avance alors que les mots sont trompeurs et qu’on ne peut pas s’y fier.
Mis au courant par les élèves, Jack, vexé et scandalisé, déclarera à Dina une guerre sans merci pour lui prouver que la valeur des mots est bien supérieure à celle des images, guerre à laquelle elle prendra part.
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« Les mots ne sont qu’illusion, les mots ne sont que des pièges. Ici nous allons observer. Nous allons voir et ressentir. »
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C’est la vague de nouveaux défis que représente cette bataille acharnée qui va insuffler une inspiration nouvelle à Jack et Dina.
Exposition de toiles, lecture de textes puis toiles illustrant des textes...
Si mal assortis, baignant dans leur propre orgueil tout en reconnaissant le talent de l’autre, ils se tireront mutuellement vers le haut, forcés à donner le meilleur d’eux-mêmes jusqu'à dépendre de l'autre et de son influence.


C’est frais, c’est moderne, c’est touchant.
Un film sur l’inspiration. Inspirer et être inspiré.Un électrochoc dans une routine si sombre, une seconde gloire, une seconde vie, une seconde chance. Accepter sa nouvelle condition, accepter qu’on ne peut plus être celui qu’on a été, s’en réjouir, et toujours donner le meilleur.
C’est un film BEAU. Un film MAGNIFIQUE. Un film qui me parle et que je voulais partager.
Bonne St Valentin les amis !


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« Si nous pouvions communiquer et nous comprendre les uns les autres, alors nous n’aurions aucun besoin de l’art. Et d’ailleurs, nous serions tous des artistes. Parce que nous ne serions plus qu’un. »
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©Fanny Malvezin - texte et dessins

6 commentaires:

  1. Un grand merci pour cet article sur un film que je ne connais absolument pas, mais que tu décris très bien, qui me parle, qui me donne envie de le voir !

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  2. superbe, en particulier le choix des citations....ça laisse songeur sans voir le film...je vais le regarder du coup, merci watsy

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  3. Je viens de voir ce film, et je suis d’accord avec toi pour dire que c’est un beau film ! Il n’est pas magnifique … magnifique vient du latin magnificus autrement dit magnus et facio, en somme « qui fait les choses en grand ».
    Avatar, Upside down, Mr Nobody, Black Swan, et j’en passe sont des films magnifiques car ils font ressentir les émotions aux centuples de ce que l’on vit !
    « Words and pictures » est comme tu l’as dit « beau », élégant ! Il nous montre juste ce qu’il faut voir sans accentuer … c’est léger et émouvant.
    (Pardon je me sentais d’humeur à imiter le personnage de Marcus ^^’)
    J’ai particulièrement adoré cette séparation entre les deux personnages/arts pour finalement se rendre compte que l’un ne peut vivre que si l’autre est à ses côtés.
    « l’un tente de motiver ses élèves accros aux technologies à percevoir la beauté d'une belle phrase bien tournée, tandis que l’autre expose à des oreilles distraites sa définition de l’art »
    J’aime bien la façon dont tu décris les personnages et c’est vraiment ce qu’on ressent dans le film. Les élèves sont aussi importants dans ce film car outre qu’ils soient attachants, ils permettent aux deux personnages de s’unir à travers cette « bataille »
    C’est vrai que ces deux acteurs vont fichtrement bien ensemble, je connaissais l’acteur grâce au film King Arthur et Juliette Binoche … je me rappel d’elle dans Godzilla (un film un tantinet différent :-D ), malgré ses 51 ans elle reste une jolie femme je trouve !
    J’adore tes dessins et particulièrement celui de Juliette Binoche, il montre sa douceur que l’on retrouve dans les peintures du film.
    Autre chose qui m’a particulièrement touché : la musique et pas n’importe laquelle, celle qu’envoie Marcus par mail.
    https://www.youtube.com/watch?v=BTFV_MdM9B0
    Si je devais mettre un mot dessus je dirais « adorable » … et toi qu’en penses-tu ? :-)
    En tout cas un article fort intéressant, merci de m’avoir fait découvrir ce film !

    « Tout est art, non ? » Intéressant sujet … je vais plancher dessus ! Toutefois si je devais répondre de manière vraiment très courte, je dirais que non !

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    Réponses
    1. Oooooh je suis super contente que tu l'aie vu (grace à moiiii) ! :D Et ça me réjouit que tu aie aimé

      Oui c'est vrai que j'utilise un peu "magnifique" à la pelle sans trop de mesure XD Mais ce film a été un véritable coup de foudre pour moi

      *malgré ses 51 ans elle reste une jolie femme je trouve !*
      Totalement d'accord !

      *Si je DEVAIS mettre un mot dessus je dirais « adorable » … et toi qu’en penses-tu ? :-)*
      Je valide ce choix de qualificatif. Tellement douce, cette musique

      *« Tout est art, non ? » Intéressant sujet … je vais plancher dessus !*

      HAHAHAHHAHA XD

      Merci encore une fois pour ton avis !


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